«Jeanne Dielman» film de la réalisatrice bruxelloise Chantal Akerman élu meilleur film de tous les temps
Le film de Chantal Akerman “Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles” a été élu meilleur film de tous les temps par l’Institut britannique du cinéma. Le prix est décerné tous les dix ans sur base d’une enquête menée auprès de plus de 1 600 critiques de films, conservateurs et autres experts en cinéma. C’est la première fois qu’une réalisatrice remporte ce titre prestigieux.
Chantal Akerman (1950-2015) était une réalisatrice, actrice, artiste visuelle, autrice et compositrice basée à Bruxelles. Akerman est considérée comme l’une des réalisatrices les plus influentes de sa génération. Au cours de sa vie, elle réalisa plus de 50 œuvres, dont le plus connu Jeanne Dielman, qu’elle tourna alors qu’elle avait à peine 25 ans.
Jeanne Dielman suit pendant trois jours la vie d’une veuve et mère au foyer qui essaie de joindre les deux bouts pour son fils adolescent Sylvain. Pour y parvenir, elle se prostitue. Le film jette un regard intrigant sur la banalité du quotidien par le biais des scènes d’actions de tous les jours, comme éplucher des pommes de terre.
Akerman construisit le personnage de Jeanne Dielman à partir de la culture familiale des femmes au foyer de la classe moyenne belge dans laquelle elle grandit elle-même. Elle expliqua :«J’ai fait ce film pour donner vie sur pellicule à ces actions habituellement sous-estimées.» Le film fut considéré comme innovant et radical sur le plan féministe et cinématographique.
C’est la première fois qu’une réalisatrice remporte ce titre prestigieux. Aucun autre film réalisé par une femme n’a même figuré dans le top 10. Le site web du magazine cinématographique Sight and Sound de l’Institut britannique du cinéma affirme que cela est dû au manque de réalisatrices, ainsi qu’à la prépondérance des critiques de cinéma masculins. Ce n’est qu’en 2012, lorsque Sight and Sound commença à diversifier sa liste de critiques, que le magazine inclut Jeanne Dielman dans sa liste. Le film était alors en 35e place, avant d’atterrir finalement au numéro 1 cette année.
Chantal Akerman. Source: Hommage aan Chantal Akerman | Sabzian
Akerman est aujourd’hui largement saluée pour son travail et considérée comme une pionnière dans le domaine du cinéma (critique) féministe. Par conséquent, lorsque Jeanne Dielman fit son coming out en 1975, elle fut considérée comme le nouveau “messie” des cinéastes féministes et queer. Malgré cela, Akerman ne se définit jamais clairement comme une féministe et ne voulait pas être cataloguée.
Selon les experts du cinéma, Jeanne Dielman était (et reste) un chef-d’œuvre féministe, et la nomination du film est symbolique d’une meilleure représentation des femmes cinéastes dans l’industrie. Anke Brouwers (historienne du cinéma à HoGent/School of Arts), souligne l’importance du film pour le cinéma féminin et le canon cinématographique belge :
L’impact du film était énorme dans les années 1970 et il le reste encore aujourd’hui. Il est très important pour le cinéma féminin. En tant que réalisatrice, on ne peut s’empêcher de voir en Akerman un modèle, même si l’on n’est pas forcément amoureux de son travail. On peut trouver tant de choses dans son œuvre sans qu’elle ne se répète jamais. De plus, les cinéastes étrangers connaissent aussi très bien Akerman : elle est la référence pour notre pays. Donc pas Jan Verheyen. (De Morgen)
Sources:
Chantal Akerman – Too Far, Too Close – M HKA Ensembles
Hommage aan Chantal Akerman | Sabzian
Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles « Fondation Chantal Akerman
HLN: Belgische film verkozen als beste aller tijden in prestigieuze poll
VRT NWS: “Jeanne Dielman” van de Brusselse regisseur Chantal Akerman is de beste film aller tijden