Femmes photographes de Taiwan
“Un récit d’ombre et de lumière”

Exposition Femmes photographes de Taiwan Art'mazone

Wang Hsiao-chin — Chronologie maternelle
Wang Hsiao-chin utilise l’autoportrait pour explorer les implications historiques de la création. Elle n’est pas seulement l’auteure de ses photographies, mais aussi le sujet. La série d’autoportraits présentée couvre les quinze années qui ont suivi sa grossesse. Chaque cliché a pour toile de fond le précédent afin de créer à l’intérieur de l’image une narration en perspective de sa relation avec son mari et son fils. La mise en abîme des portraits reflète l’accumulation du temps et l’agrégation de l’intimité.

Chien Fu-yu — Histoire des femmes
Les portraits pleins de sensibilité et d’attention de Chien Fuyu ont pour sujet des femmes poètes, peintres, journalistes, médecins ou encore entomologistes. Ces images jouant sur l’ombre et la lumière présentent les vies remarquables de Taïwanaises appartenant à des milieux professionnels très divers. La valeur narrative de cette série n’est pas seulement artistique : elle raconte aussi les progrès de la société taïwanaise.

Chang Hsiu-huang — Ombre et lumière
Chang Hsiu-huang travaille beaucoup sur les interactions de la lumière et de l’ombre avec l’environnement naturel. Ses clichés présentent l’ensemble des paysages de Taiwan, des sommets jusqu’à la mer, de la ville à la campagne. Elle a capturé les sentiers sinueux de montagne, propices à la méditation, comme l’expression créative de l’architecture moderne. Elle utilise différentes approches pour documenter le passage des étoiles, photographier les lanternes ou saisir les forêts. En admirant ces photos, c’est un tour de Taiwan que l’on fait en images.

Exposition Art'mazone

Chang Yung-chieh — Bateau du trésor éternel
Pour cette série, Chang Yung-chieh a tiré son inspiration des cérémonies religieuses. Retournée vivre pendant sept ans dans son village natal sur l’île de Penghu, au large de Taiwan, elle a documenté le rite du Bateau du trésor éternel qui accueille le Roi des cieux et l’accompagne au moment de son départ. Chaque cliché est caractérisé par un riche contexte culturel et religieux qui tire sa force d’une composition très chargée.
Une bonne photographie ne se regarde pas seulement avec les yeux : elle peut être appréciée tout doucement, du plus profond de l’être.

Exposition Art'mazone

Chang Yung-chieh — Les héritiers du léopard tacheté
Cette série documentaire de Chang Yung-chieh révèle une forte personnalité artistique et culturelle. En se concentrant sur le village rukai de Kochapongane, dans le district de Pingtung (Kochapongane veut dire « héritier du léopard tacheté » en langue rukai), elle explore la sagesse philosophique de ce groupe de population aborigène ainsi que la beauté de sa culture. La photographe révèle aussi le processus d’acculturation subi par les Rukai et les difficultés auxquels ils sont confrontés. Son travail suggère que les solutions à ces problèmes passent par un progrès économique qui ne se fasse pas au détriment de la culture aborigène et du style de vie communautaire traditionnel.

Quatre femmes photographes de Taiwan

Wang Hsiao-ching
Titulaire d’un doctorat de la Faculté d’art et communication de l’Université de Brighton, Wang Hsiao-ching s’intéresse depuis longtemps déjà à l’identité et à la culture visuelle des femmes, des thèmes qu’elle explore au travers de la peinture, de la vidéo, du multimédia et de l’installation. Artiste et directrice artistique de Ching Tien Art Space, Wang Hsiao-ching est aussi professeur au Département des arts et du design de l’Université nationale Dong Hwa et au Département des arts visuels de l’Université municipale de l’Education de Taipei. Depuis la présentation de sa série « Mariage » au Musée des beaux-arts de la ville de Taipei en 1997, elle a exposé régulièrement, seule ou avec d’autres artistes, à Taiwan et au Royaume-Uni, entre autres. En 2002, elle a été citée comme l’une des meilleures femmes photographes de Taiwan dans l’ouvrage Histoire des artistes contemporaines taïwanaises.
Dans la série d’autoportraits « Chronologie maternelle », la photographe se met en scène, d’abord seule, enceinte, puis avec son mari et son fils. Les clichés se succèdent à intervalles réguliers sur quinze années. Chaque photographie a pour toile de fond la précédente. Ceci permet à la photographe d’enregistrer la progression de sa relation avec son mari et son fils. Cette mise en abîme reflète la construction par accumulation de la relation parent-enfant. Dans cette méditation sur le passage du temps, Wang Hsiao-ching exploite son expérience de la maternité pour effectuer un voyage introspectif et raviver le souvenir de ce qui n’est plus. Elle utilise la relation mère-enfant pour faire ressortir les pensées des trois protagonistes et démontrer que la maternité n’est pas seulement une forme d’autosacrifice, mais aussi une expérience à savourer qui peut enrichir l’existence d’une femme.

Chien Fu-yu
L’engagement de Chien Fu-yu pour la cause des femmes remonte aux années 80. Elle a commencé à travailler comme reporter-photographe pour des magazines militants alors que Taiwan était encore sous loi martiale (1949-1987), suivant le mouvement féministe par le truchement de son objectif. A la même époque, elle s’est mise à faire des portraits de femmes. « Ce qui m’a amenée à la photographie au départ, dit-elle, c’est la possibilité qu’elle donne de suivre et documenter les choses et les gens – les femmes surtout. Et c’est un engagement qui ne m’a pas quittée. »
L’histoire des femmes reste en général noyée dans le flot du discours historique. En photographiant les femmes, Chien Fu-yu écrit l’histoire d’un point de vue féminin. Dans cette série, on a retenu des portraits de femmes qui ont réussi dans leur domaine, ont apporté une contribution significative à la société ou ont fait prévue d’un profond altruisme. La priorité a été donnée aux femmes âgées, car leur vie a souvent été chargée d’expériences fortes.
Les clichés sélectionnés couvrent l’histoire de cinq Taïwanaises aux parcours différents : Chen Jin, la première artiste peintre taïwanaise ; Yao Min-xuan, la première femme à exercer le métier de journaliste à Taiwan après la période coloniale japonaise (1895-1945) ; la poétesse Chen Xiu-xi ; l’extraordinaire Taibasi Nuogan de la tribu Atayal ; et la pathologiste Li Feng. Ces reportages illustrent des vies fascinantes et exceptionnelles. Il ne s’agit pas seulement d’un travail artistique mais aussi d’un documentaire sur le développement de Taiwan.

Chang Hsiu-huang
C’est comme employée de bureau dans une société s’occupant d’exportations vers le Japon que Chang Hsiu-huang a débuté, pas comme photographe professionnelle. Mais les soucis de la vie de salariée n’ont pas entamé sa passion pour la photographie, un art qui a été pour elle un moyen d’exprimer ce qu’elle avait en elle et de trouver son équilibre.
Chang Hsiu – huang s’est mise à la photographie par hasard, dirigeant d’abord son objectif sur les fleurs puis élargissant graduellement son champ de vision aux paysages. En photographiant Taiwan, elle a progressivement réalisé que, malgré sa taille réduite, l’île recèle une grande diversité de paysages splendides, une riche culture populaire et un important patrimoine culturel. En fait, remarque-t-elle, « le fait que Taiwan soit de petite taille fait qu’il est facile de passer d’un paysage de montagne à un panorama océanique ».
Dans la série « Lumière et ombre », elle déploie sa maîtrise technique pour enregistrer le cycle des saisons à Taiwan et pour révéler les beautés d’une nature changeante. Elle capture la grâce naturelle de l’île de Taiwan, donnant à voir la variété de ses paysages fascinants, de la beauté du Pacifique à la majesté de la Chaîne de montagnes centrale.

Chang Yung-chieh
Née à Penghu, un archipel situé au large de Taiwan, Chang Yung-chieh est une photographe professionnelle qui a remporté trois prix du Tripode d’or pour des clichés publiés dans les magazines taïwanais en langue chinoise Humanity et Living Psychology. Elle a également exposé en solo au Musée national des beaux-arts de Taiwan, au Musée des beaux-arts de la ville de Taipei, à la galerie Eslite et dans de nombreux centres culturels. Elle a également eu l’occasion de présenter son travail à Amsterdam, à New York et à Paris.
En 1966, Chang Yung-chieh est retournée dans sa ville natale, à Penghu, où elle a fondé l’Atelier culturel Hexi dont la mission est de documenter l’histoire culturelle et orale de l’archipel. Ses écrits ont une grande qualité poétique et ses clichés témoignent de son amour pour Penghu. Elle a le don pour saisir l’instant et s’identifier à ses sujets. Les clichés de Chang Yungchieh expriment avec douceur son amour infini pour sa ville natale. La beauté des gens, des objets et des paysages y guide la photographe comme un phare dans la nuit. Son but est de mettre en images le quotidien des habitant.e.s de Penghu, et ses photographies parlent de leur vie et de leurs croyances religieuses – des aspects qui sont devenus pour Chang Yung-chieh des thèmes récurrents.

Infos pratiques

Vernissage à Amazone le 11 juin 2015
L’exposition se déroulera du 12 juin février au 4 septembre, durant les jours ouvrables : le lundi, mardi, jeudi de 9h à 18h, le mercredi et vendredi de 9h à 17h.
Adresse : Amazone asbl, rue du méridien 10 – 1210 Bruxelles
Entrée : gratuite