W(h)oman’s land / Nuits du Beau Tas 2019 au Senghor
Le Senghor propose ce 3 mai, dans le cadre du Festival des Nuits du Beau Tas, une soirée entière et plurielle consacrée aux compositrices de notre temps.
Le Senghor abritera dès le coucher du soleil, à 21h06 *, une série d’œuvres traversées d’hypothèses créatrices audacieuses dont les formes sont variées, explosives, subtiles : compositions pour instruments acoustiques, entrelacement de la voix chantée/narrée/parlée avec de la musique électronique, installation scénographique, proposition d’univers visuels singuliers, interventions de textes littéraires… Ces œuvres développent toutes le souci d’un rapport inventif avec le public : le Senghor se verra ainsi investi dans les moindres recoins de ses murs : Salle 1900, Salle Agénor, nos escaliers, le Bar…
Cette soirée fut désirée et conçue collectivement : depuis septembre dernier, les compositrices en imaginent et rêvent le dessin, le déroulement, l’atmosphère.
Le Senghor est heureux de s’inventer espace de rencontres possibles, terrain d’exploration et abri pour leurs rêves.
Œuvres de Françoise Berlanger, de Patricia Capdevielle et André Marc Delcourt, de Gaëlle Hyernaux, d’Alice Hebborn, d’Alithéa Ripoll et de Sarah Wéry.
* Heure du coucher du soleil le 3 mai 2019, 123 éme jour de l’année
Programme
PROGRAMME ET MUSICIEN(NE)S EN COURS
HARMONIE DU SOIR, Alithéa Ripoll
Œuvre électro-acoustique pour voix et électronique pré-enregistrée, sur un texte de Charles BAUDELAIRE (1821-1867)
“Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige, Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir ! Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ; Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige. Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir, Du passé lumineux recueille tout vestige ! Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige… Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !”
Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire
Interprète : Marie BILLY (voix) et Alithéa Ripoll
LES LIANES #1, Françoise Berlanger
Performance musicale de Live Art de proximité.
Interprétée et écrite par Francoise Berlanger
Avec à la vidéo et aux lumières, les artistes plasticiennes : Katia Lecomte Mirsky et Daya Halle.
L’HYDRE, Patricia Capdevielle et André Marc Delcourt
Notre civilisation se trouve confrontée à la violence qu’elle génère, contre elle même, contre les populations, les individus, mais aussi contre ce petit morceau d’espace qui nous a fait naître, nous héberge, nous nourrit et nous faite respirer, tandis qu’il poursuit sa course folle autour du soleil. Cette violence s’abat sur le monde avec une bestialité sans pareille dans son histoire, de plus en plus animale et sauvage au fur et à mesure que nous nous disons « civilisés » – elle se tapit également sous certaines formes au fond de chacun d’entre nous.
Heiner Müller (9 janvier 1929 – 30 décembre 1995) est un dramaturge, directeur de théâtre, poète d’Allemagne de l’Est. « Héraclès 2 ou l’Hydre » apparaît dans « Ciment», pièce écrite en 1971. Comme souvent, la référence à un mythe ancien ouvre de nombreux niveaux de lecture et de compréhension . Heiner Müller détourne le mythe d’Héraclès en évoquant le second de ses travaux: le récit conte l’épopée d’un homme dans une forêt, parti à la bataille contre l’Hydre de Lerne, monstre qui se recompose et ressuscite lui même au fur et à mesure qu’on le détruit… Alors même que l’on pense suivre une piste, celle du cheminement vers un combat, Müller enchaîne avec précision des mouvements très divers qui brouillent consciencieusement les perceptions du héros. Les repères du temps, de l’espace et de l’identité même du sujet se délitent dans une écriture dense et organique. Le parcours est guidé par les sensations d’un personnage en route, en déroute, sur des routes. Peu à peu il réalise que la forêt, le monstre et lui-même ne font qu’un! Confronté à sa propre part de monstruosité, l’Homme serait ainsi son unique et seul ennemi, créant les propres conditions de sa perte et/ou de sa renaissance. Les immenses doutes qui traversent notre époque, à l’échelle de l’humanité, (et comment reconstruire, se reconstruire après chaque destruction) se retrouvent dans le parcours individuel de chacun d’entre nous et dans ce combat intime que nous menons contre notre propre part d’ombre pour nous chercher nous mêmes. Comme Sisyphe, l’Héraclès/Hydre de Heiner Müller est condamné à un travail qui ne connaîtra pas de fin, « inutile et sans espoir » : se combattre, se mutiler, s’autodétruire, puis se recomposer sans cesse, souvent « de travers », au cœur de la forêt (lui même), des membres « haches / couteaux / tentacules » de son propre corps, le combat continue… « Le temps du monde fini commence. » La musique se construit autour du texte, avec et contre lui, le musicien, (flûtes et flûte contrebasse), se profile comme un arbre agité par les désordres du souffle humain.
Une création musicale de Patricia Capdevielle,
Voix André-Marc Delcourt, flûtes, flûte contrebasse
Texte : Heiner Müller
Images : Matthieu Delcourt
LE GEANT DU LAC , Alice Hebborn
« Le Géant du Lac » est un morceau inspiré par le livre du même nom illustré et écrit par Alice Bossut et Marco Chamorro.
Ce morceau pour 5 instruments et électronique accompagne un court métrage réalisé par Simon Breeveld présentant une déambulation dans le dessin du livre le « Géant du Lac ».
Interprètes : L’Ensemble Fractales : Gian Ponte (piano), Marion Borget (violon), Diego Coutinho (violoncelle), Renata Kambarova (Flûte), Benjamin Maneyrol (clarinette) et Alice Hebborn.
“Le géant du lac”, texte et illustration Alice Bossut et Marco Chamorro, Éditions Esperluète, 2017
Montage, Simon Breeveld
CHE SI PUO FARE – HOUND DOG/ Klink On,
Trio : Gaelle Hyernaux, Sarah Wéry-Loreline De Cat/
arrangements d’après Barbara Strozzi et Willie Mae Thornton
PRELUDE A DE TENEBRER, Gaëlle Hyernaux
Interprète: Gaëlle Hyernaux
EROICAEROICAEROICA, Sarah Wery
par le trio 03
Interprètes : Lydie Thonnard, Eugénie Defraigne, léna Kollmeiers
Alithéa Ripoll, André-Marc Delcourt, Françoise Berlanger, Ensemble Fractales Benjamin Maneyrol, Gian Ponte, Lydie Thonnard Loreline De Cat Patricia Capdevielle Marie Billy Diego Amaral Coutinho
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Alithéa Ripoll commence la musique en 1998 à l’Académie Grétry de Liège au piano avec Elsa Aria-Jimenez durant six ans. En 2000, elle chante dans la Maîtrise de L’Opéra Royal de Wallonie jusqu’en 2003. En 2006, elle décide de quitter Liège pour faire ses deux dernières années d’études en humanités artistiques musicales à Charleroi. À l’âge de 17 ans, elle est acceptée au Conservatoire royal de Liège pour suivre un Master didactique en composition donné par Michel Fourgon, terminé en 2014, et suivit aussi deux ans en piano chez Jean Schils. Elle enseigne la composition (au CRLg, comme conférencière), ainsi que le clavier, le chant rock dans diverses asbl’s. En novembre 2015, elle reçoit le Prix André Souris offert par la SABAM et décerné aux talents prometteurs par le Forum des Compositeurs.
Françoise Berlanger est une actrice, metteure en scène et autrice née à Oran en Algérie en décembre 1969. Elle vit à Bruxelles. Son enfance est ponctuée par l’étude de la musique, du chant lyrique et choral, de la danse classique, du modern-jazz, des claquettes et de la gymnastique rythmique. Dès 1987, elle étudie l’éducation physique à l’UCL, puis la Kinésithérapie à IEPR (Institut d’éducation physique et de réadaptation), tout en fréquentant les académies de musique, de danse, d’art dramatique et des groupes de théâtre. En 1997, elle obtient son diplôme à l’INSAS en interprétation dramatique. Elle joue sur scène en Belgique et à l’étranger. Elle devient metteur en scène en 1999 et crée sa propre structure, la compagnie de théâtre LA CERISAIE asbl avec le metteur en scène Jean-Christophe Lauwers en 1999. Transformée par son décès, elle choisit un théâtre à la croisée des arts plastiques et de la composition musicale électroacoustique avec Penthesilea, L’œuf blanc, Ur, Klanglink, Le Soleil même pleut, “IWONA, une Opérette électronique”. En créant « Penthesilea » en 2006 au Kunstenfestivaldesarts elle s’inscrit pour la première fois comme autrice à la SACD. Avec ses collaborateurs, elle porte entièrement ses créations théâtrales en jouant, en écrivant et en produisant ses propres pièces qui s’identifient à un théâtre transdisciplinaire. Ses pièces sont jouées dans des structures reconnues et emblématiques en Belgique et l’étranger.
Patricia Capdevielle a suivi une double formation, théâtrale et musicale. Depuis 1993, elle poursuit avec le compositeur et flûtiste André-Marc Delcourt un travail de création qui cherche à confronter des textes poétiques ou théâtraux, avec la musique d’aujourd’hui. L’association des timbres et de la voix, permet de concilier une couleur sonore fréquente dans les musiques traditionnelles, et la recherche d’une expressivité très actuelle, souvent à la limite du théâtre musical. En 1999, ils ont fondé la compagnie Hamadryade dans le désir de sensibiliser le public à différents aspects de la création artistique contemporaine, avec comme enjeu la rencontre entre différents modes d’expression.
Alice Hebborn aime connecter sa musique à l’art plastique et à l’art vivant. Après un baccalauréat en piano au Conservatoire de Mons/ARTS2, elle rejoint la classe de composition de Claude Ledoux, Gilles Gobert et Geoffrey François au Conservatoire de Mons/ARTS2. Elle développe dans ses compositions un langage personnel et un acte créatif généré par une vision intime du monde. Elle aime connecter son travail aux œuvres d’artistes des arts plastiques et des arts vivants .Dans le cadre du Conservatoire, elle a l’occasion d’écrire pour différentes formations: “De O à 50 nœuds” pour quatuor de saxophones et électronique; “Rivière” pour violon, piano préparé et électronique; “Pièce pour orgue”. Elle compose pour le théâtre au sein du collectif Une Tribu avec lequel elle mène deux créations de théâtre d’objets et de marionnettes: “La Course” et “From the North”.
Licenciée en guitare à l’IMEP (Namur) dans la classe de Maria-Nieves Mohino, Gaëlle Hyernaux entame en 2005 des études de composition au Conservatoire Royal de Liège dans la classe de Michel Fourgon (Gilles Gobert pour la musique mixte), et collabore depuis régulièrement avec le Centre Henri Pousseur.
Gaëlle collabore régulièrement avec la compositrice Sarah Wéry; depuis 2011, leurs oeuvres communes sont signées Georges Elpenor. Ses différentes rencontres l’ont également amené à travailler avecl’ensemble Nahandove, le quatuor Tana, l’Orchestre Studio de Cergy-Pontoise, les Agrémens, le CAV&MA, l’ensemble Musiques Nouvelles, Patrick Baton, Alain Pire, Izumi Okubo, Jean-Pierre Peuvion, Vincent Royer,…
Gaëlle a reçu le prix André Souris en 2008 et le Prix Pousseur en 2011. Elle est également professeur de guitare au conservatoire de Verviers, à l’académie de Grez-Doiceau et est l’assistante dans la classe de guitare de Maria-Nieves Mohino à l’IMEP.
Sarah Wery a commencé à aborder la musique à travers le violoncelle et l’improvisation. A 18 ans, elle se rend en Allemagne pour suivre le compositeur Hubert Bergmann pendant quelques mois, et prend alors la décision de se consacrer pleinement à la musique.
Elle étudie ensuite à Liège, dans la classe de composition de Michel Fourgon, où elle commence à développer son propre langage musical à travers ces questionnements : Comment faire cohabiter des éléments les plus hétérogènes possible ou comment éclater tout en gardant une fluidité et en s’adressant directement à l’auditeur. Elle commence alors à utiliser la série dodécaphonique comme macro et micro structure.
Après ses études, elle emménage à Berlin où elle étend son champ créatif et son intérêt à la musique électronique. Ce changement d’univers musical la conduit à explorer d’autres techniques de production du son.
Aujourd’hui, ces nouvelles techniques lui permettent de pousser l’éclatement sonore au delà de l’aspect structurel de la musique, jusqu’à la nature des sons; pré-samplage de sons, electronique-live, objets bruts du quotidien, instruments traditionnels maitrisés, sons concrets.

Infos pratiques
Où?
Musiques de création au Senghor
366 chaussée de Wavre – 1040 Bruxelles.