Le Comité d’Étude sur le Vieillissement a récemment publié des chiffres préoccupants concernant la nouvelle réforme des pensions. Dans leur forme actuelle, les nouvelles mesures ne feraient qu’accroître l’écart de pension entre les hommes et les femmes. D’ici 2040, les femmes verraient leur pension baisser en moyenne de 5,6 %, contre 4,3 % pour les hommes.

Un écart qui se creuse
Dans son nouveau rapport, le Comité analyse chaque nouvelle mesure relative aux pensions ainsi que son impact estimé sur la population active. Les résultats sont sans appel : dans quasiment toutes les catégories professionnelles, les femmes sont plus défavorisées que les hommes. Seuls les postes de fonctionnaires verraient les hommes plus touchés que les femmes, principalement parce qu’ils bénéficient actuellement de conditions plus avantageuses.
La goutte de trop
Le fait que les femmes subissent un impact plus négatif de ces nouvelles mesures s’ajoute à une situation déjà défavorable actuellement. L’an dernier, le Bureau fédéral du Plan a publié une étude révélant que les femmes perçoivent en moyenne 25 % de pension en moins que les hommes. Pour chaque 1 000 € perçus par un homme retraité, une femme touche en moyenne 750 €.
Les causes de cet écart sont principalement liées à l’inégalité sur le marché du travail : les femmes travaillent plus souvent à temps partiel, réalisent davantage de travail non rémunéré, et ont moins d’opportunités d’obtenir des promotions ou des postes à responsabilité. Cette inégalité se reflète également dans l’écart salarial qui varie de 7 à 20 %. Le salaire a un impact direct sur la pension (calculée sur la base des revenus), mais il influence aussi la capacité à épargner et à se préparer financièrement pour l’avenir. Le système actuel défavorise donc les femmes sur toute la ligne — et les nouvelles mesures aggraveront d’autant plus cette situation.
Pauvreté des retraitées
Un faible montant de pension a des conséquences importantes. Les personnes âgées qui n’ont pas pu constituer un capital au cours de leur vie professionnelle, et qui ne peuvent plus accéder à un travail alternatif (comme les flexi-jobs), risquent rapidement de sombrer dans la pauvreté. En 2024, le Service fédéral des pensions a versé une pension inférieure au seuil de pauvreté à quatre femmes sur dix. C’est trois fois plus que le nombre d’hommes dans cette situation. Les femmes sont donc plus vulnérables à la pauvreté en vieillissant, en particulier les femmes seules, qui constituent le groupe à plus haut risque.
Réduire l’écart
Heureusement, il y a aussi des raisons d’espérer. L’arrivée de nouvelles générations de retraité·es, combinée à l’augmentation du minimum pension en 2024, a permis une baisse des chiffres. Alors qu’en 2020, 16,2 % des retraité·es risquaient de tomber dans la pauvreté, ce taux est descendu à 10,7 % en 2024. Une amélioration notable, notamment grâce à l’émancipation des femmes et à une plus grande égalité des genres sur le marché du travail. Mais il reste essentiel de rester conscient·es de la position fragile des femmes dans l’emploi. Tant que les inégalités professionnelles ne seront pas structurellement résolues, les femmes continueront à être désavantagées tout au long de leur parcours. Nous appelons donc le gouvernement à adopter des mesures progressistes qui prennent en compte les différences de genre dans le monde du travail.
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Sara-Lynn Milis
Projets & CRFG