Discours de haine en ligne : les femmes en ligne de mire

Cette semaine, l’association Furia vzw a publié une étude sur les discours de haine en ligne visant les femmes. Elle a analysé des milliers de commentaires postés sur les réseaux sociaux, notamment sous des articles de HLN et de la VRT. Les résultats sont pour le moins inquiétants : les propos haineux visent proportionnellement davantage les femmes que d’autres groupes. Ce sont surtout les femmes racisées, lesbiennes, bisexuelles, transgenres, ainsi que celles qui s’expriment sur les violences sexuelles, qui sont les plus souvent ciblées.

L’étude de Furia

Vous en avez probablement déjà fait l’expérience : les commentaires sur Facebook ressemblent parfois à un véritable champ de bataille. Sous presque chaque article de presse partagé sur les réseaux sociaux, on trouve une avalanche de réactions exprimant un large éventail d’opinions – pas toujours respectueuses ni nuancées. L’anonymat que permet Internet favorise des propos qui peuvent être racistes, sexistes ou homophobes.

Furia s’est penchée sur les commentaires sous un certain nombre d’articles concernant les femmes, et leurs conclusions sont alarmantes.

Image 1 : Graphique illustrant les résultats de l’enquête. © Furia vzw

Dès qu’un article partagé sur Facebook traite de femmes dénonçant des violences, Furia constate que plus de 80 % des commentaires sont des commentaires haineux. Les femmes qui partagent leur expérience de violences sexuelles sont souvent accusées de chercher à attirer l’attention et subissent une avalanche de remarques sexistes.

Quand il est question de femmes trans, plus de 70 % des commentaires sont haineux. Là encore, les personnes concernées doivent faire face à un torrent de propos violents, allant jusqu’à des menaces de mort et des appels à la violence.

Les femmes racisées sont la cible de commentaires à caractère raciste dans plus de 35 % des cas, et les femmes lesbiennes sont confrontées à des propos lesbophobes dans près de 40 % des commentaires. Et les chiffres sur d’autres réseaux sociaux sont tout aussi vertigineux.

Loups solitaires ou raids organisés ?

À première vue, ces commentaires peuvent sembler relever d’initiatives individuelles. Mais des recherches montrent que ce type de commentaires sur les réseaux sociaux sont bien plus politisés qu’on ne le pense.

L’an dernier, Kifkif, en collaboration avec Sankaa vzw et Hand in Hand vzw, a publié un rapport révélant que certains courants politiques utilisent délibérément ces plateformes pour imposer leur idéologie ou préserver des rapports de pouvoir.

Les femmes, les personnes queer et les personnes racisées sont alors spécifiquement ciblées, avec pour objectif de les exclure du débat public. Les victimes témoignent d’un coût immense, tant mental que financier.

Un exemple frappant : la campagne de haine orchestrée contre Dalila Hermans en 2023. Quelques heures à peine après l’annonce de sa nomination comme coordinatrice de projet pour la ville de Bruges, les réseaux sociaux ont été inondés de réactions racistes et haineuses.

Kifkif a analysé les données de cette annonce et a révélé une campagne structurée : alors que les premières réactions à l’annonce étaient plutôt positives, plusieurs figures clés de l’extrême droite ont ensuite appelé à la haine. Des campagnes publicitaires sponsorisées ont même été lancées pour influencer l’opinion publique.

Résultat : une vague massive de haine racise et sexiste s’est abattue sur les réseaux sociaux, similaire à une offensive d’une armée virtuelle de trolls prêts à se mobiliser à la demande pour influencer l’actualité et dominer le débat.

« Répandez l’amour sur les réseaux. Ne laissez aucune place à la haine. »

Pour lutter contre cette haine structurelle qui touche divers groupes de femmes, Furia lance une campagne publique intitulée :

« Répandez l’amour sur les réseaux. Ne laissez aucune place à la haine. »

L’association appelle chacun·e à s’exprimer contre les discours haineux et à toujours rester respectueux·se sur les plateformes numériques. Car c’est ensemble que nous pouvons construire un espace en ligne positif, où chaque voix compte.

Image de Sara-Lynn Milis

Sara-Lynn Milis

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