Le prix du patriarcat : violences économiques et inégalités de genre

Quand l’argent devient une arme dans le couple

La violence économique, c’est cette forme sourde mais puissante de domination qui enferme, appauvrit, empêche de partir, et isole peu à peu. Dans de trop nombreux foyers, hétérosexuels, c’est un levier central de contrôle exercé sur les femmes. Et pourtant, on en parle encore trop peu.

Derrière les murs du foyer : une violence qui ne laisse pas de bleus

On imagine la violence conjugale à travers des cris, des coups, des insultes. Mais elle peut aussi prendre la forme d’un portefeuille confisqué, d’un compte bancaire inaccessible, d’un « tu ne travailles pas, je m’occupe de tout » qui devient une prison dorée.

La violence économique, c’est ça : priver l’autre de son autonomie financière, petit à petit ou brutalement, pour l’empêcher d’agir, de choisir, de partir. Elle se cache dans les détails du quotidien : les dépenses surveillées, le refus de payer la garde d’enfants pour que « ça ne vaille pas le coup » de reprendre un travail, ou encore l’endettement forcé d’une femme pour des crédits qu’elle n’a jamais choisis.

Le patriarcat au bout du compte

Dans de nombreuses relations hétérosexuelles, les hommes conservent un pouvoir économique et ce depuis des siècles. Ce pouvoir peut se transformer en outil de domination. Et quand les violences physiques ou psychologiques s’installent, l’argent devient un moyen de verrouiller la situation : pas de compte personnel, pas de salaire, pas de solution.

Ces violences ne sont pas des accidents. Elles s’inscrivent dans des structures sociales et économiques sexistes, où les femmes et minorités de genre sont encore largement sous-payées, surreprésentées dans les temps partiels, ou découragées de travailler par des injonctions à être « de bonnes mères » avant tout.

Quelques chiffres clés

D’après une étude IFOP menée pour Les Glorieuses, 41 % des femmes en couple déclarent avoir subi au moins une forme de violence économique. Parmi elles, 23 % disent en être victimes actuellement. Ces violences prennent la forme de contrôle des dépenses, de privation d’accès à l’argent ou encore d’interdiction de travailler, une situation rapportée par une femme sur quatre. Selon la Fédération Solidarité Femmes, 26 % des appels au 3919 évoquent également des violences économiques.

Des violences multiples, des femmes encore plus vulnérables

Les femmes racisées, migrantes, en situation de handicap ou en situation précaire sont souvent plus exposées. Par exemple :

  • Une femme sans papiers ne peut pas travailler légalement, et devient dépendante de son compagnon, parfois violent.
  • Une femme handicapée peut se retrouver financièrement à la merci de proches ou d’un conjoint abusif, faute d’alternatives.
  • Une mère célibataire peut accepter des compromis toxiques pour « assurer le toit et les repas ».

C’est l’intersection des oppressions qui rend ces violences encore plus difficiles à combattre.

Nommer pour mieux combattre

La violence économique ne se limite pas à la sphère privée : elle est systémique. Elle est permise et renforcée par:

  • Des politiques sociales qui présument que le couple est un lieu de solidarité, même quand il ne l’est pas;
  • Un droit du travail qui pénalise les mères et normalise les inégalités salariales ;
  • Des stéréotypes de genre qui valorisent l’homme « pourvoyeur » et culpabilisent les femmes qui veulent leur indépendance.

Lutter contre les violences économiques, c’est donc remettre en question un système tout entier, pas seulement les comportements individuels.

Des pistes d’action, ensemble

Du 18 au 20 septembre 2025, le festival « Journées Féministes » d’Amazone mettra la thématique des violences économiques au cœur des échanges : conférences, projections, expositions, ateliers pratiques… pour outiller les victimes, sensibiliser les allié·es et créer des solidarités concrètes.

Reconnaître la violence économique, c’est refuser qu’on continue à appeler « amour » ce qui est en réalité du contrôle. C’est exiger que chaque personne, quel que soit son genre ou sa situation, ait les moyens de choisir, de s’émanciper, de vivre librement et dignement vers une autonomie partagée, réelle et féministe !

Image de Faustine Stricanne

Faustine Stricanne

Stagiaire Amazone

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