24 mai : Journée de la visibilité pansexuelle et panromantique 

Une date politique pour des identités en quête de reconnaissance 

Chaque 24 mai est l’occasion de mettre en lumière la pansexualité et le panromantisme, d’ouvrir le dialogue et de revendiquer fièrement des amours et des désirs libérés des normes de genre et de sexualité. La Journée de la visibilité pansexuelle et panromantique, célébrée depuis 2015, est née sur les réseaux sociaux à l’initiative de militant·es LGBTQIA+. Bien qu’elle ne soit pas liée à un événement historique précis, elle s’est imposée au fil des années comme un moment fort d’affirmation, de fierté et de sensibilisation autour des vécus pans, trop souvent marginalisés, voire invisibilisés. 

Pansexualité et panromantisme : démystifier les idées reçues 

Contrairement aux idées reçues, la pansexualité et le panromantisme ne doivent pas être réduits à des variantes de la bisexualité. Ces identités désignent une attirance sexuelle et/ou romantique qui ne prend pas en compte le genre ou le sexe assigné à la naissance. Elles incluent toutes les identités : hommes et femmes cisgenres, personnes trans, non-binaires, agenres, intersexes ou genderfluid. 

Le préfixe pan, du grec ancien “tout », ne signifie pas « attiré·e par tout le monde », mais plutôt une ouverture à l’autre sans considération des catégories de genre. Être pan, ce n’est ni être ‘entre deux’, ni vouloir ‘aimer tout le monde’ : cela veut dire que le sexe, le genre et l’expression de genre ne sont pas un critère dans l’amour ou le désir. 

Être pan ne signifie pas non plus nécessairement être polyamoureux·se ; il est tout à fait possible d’être monogame tout en étant attiré·e par des personnes de tous genres. 

La psychologue féministe Lisa M. Diamond, dans son ouvrage Sexual Fluidity (2008), souligne que l’attirance humaine est fondamentalement fluide, loin des cases rigides imposées par la société. Dans cette perspective, la pansexualité remet en question les normes binaires dominantes et enrichit notre compréhension des liens affectifs. 

Double peine : entre stéréotypes sociaux et marginalisation au sein des LGBTQIA+ 

Les personnes pans font face à une double invisibilisation : d’un côté, dans une société qui peine à concevoir des attirances hors de l’hétérosexualité ou des schémas stéréotypés de bisexualité ; de l’autre, au sein même des communautés LGBTQIA+, où elles sont parfois accusées d’indécision, d’hypersexualisation ou d’effacer d’autres identités. 

Représentations et invisibilité 

Les identités pansexuelles et panromantiques restent largement invisibles dans les médias et la culture dominante. Bien que des personnalités comme David Bowie et Janelle Monáe aient participé à déconstruire les normes de genre et à célébrer la fluidité amoureuse, la représentation des personnes pans demeure marginale et souvent réductrice. Ces identités sont fréquemment réduites à des stéréotypes et sont peu présentes dans les récits médiatiques. 

L’absence de modèles positifs dans les films et séries rend difficile, pour de nombreuses personnes pans, et particulièrement pour les jeunes, de se reconnaître et de se sentir validées. Cela renforce leur sentiment d’isolement, car elles peinent à trouver des repères dans l’espace public. 

Vers une reconnaissance politique et culturelle des personnes pans 

Le 24 mai n’est pas qu’un symbole : c’est une journée de mobilisation, de visibilité et de rencontre. Elle permet aux personnes pans de revendiquer leur place dans les luttes LGBTQIA+ tout en interpellant les institutions. 

Il est essentiel que les identités pansexuelles et panromantiques soient intégrées dans les politiques publiques, les programmes scolaires, les médias et les représentations culturelles. 

Revendiquer ces identités, c’est exiger une reconnaissance pleine et entière. C’est dénoncer les violences symboliques et institutionnelles qui les effacent, et affirmer que leurs amours, leurs corps et leurs désirs ne doivent pas être contraints par les normes du genre, de l’hétérosexualité ou d’un patriarcat persistant. 

Ces luttes ne sont pas isolées : elles s’entrelacent avec celles contre le racisme, le validisme, le classisme, le sexisme, la grossophobie, la transmisogynie et toutes les formes d’oppression systémiques. 

Ressources pour mieux comprendre et célébrer ces identités 

La pansexualité et le panromantisme, au-delà des catégories traditionnelles, ouvrent de nouvelles perspectives pour aimer et nouer des liens. Voici quelques pistes pour explorer la profondeur des amours queers et peut-être mieux se comprendre, ou mieux comprendre les autres : 

  • Eugénie, récit d’une « sexualité-oignon », Dénudé·e·s, épisode 7 (2022) : Podcast qui plonge dans le parcours d’Eugénie, 27 ans, vers la découverte de sa pansexualité, qu’elle compare à un énorme oignon à plusieurs couches, symbolisant une sexualité fluide et joyeuse, libérée des normes hétéronormées. 
  • Dirty Computer, Janelle Monáe (2018) : album visuel queer et afrofuturiste qui célèbre l’amour libre. Monáe y explore la fluidité des désirs et la liberté d’aimer au-delà des normes, en lien avec sa non-binarité et sa pansexualité. 
  • Manifeste pour une démocratie déviante, amour queer face au fascisme, Costanza Spina (2023, Trouble ) : manifeste qui explore les intersections entre amour queer et lutte contre l’oppression fasciste. L’autrice y défend une vision inclusive et subversive de l’amour, réaffirmant l’importance de la résistance queer dans un monde où les identités de genre et les sexualités diverses sont menacées. 
  • Bi’Cause : association et plateforme dédiée à la bisexualité et à la pansexualité. Elle propose définitions, témoignages et outils militants pour mieux comprendre les enjeux et soutenir les personnes concernées. @bicause_asso 
  • Collectif Bi/Pan Bruxelles : collectif engagé pour la visibilité bi/pan à Bruxelles. Iels organisent événements, actions de sensibilisation et partages d’expériences. @bi_pan_bxl 

Faustine Stricanne
Stagiaire Amazone

Articles similaires

Retour en haut