28 septembre : Journée mondiale du droit à l’avortement

Le 28 septembre : un combat toujours d’actualité pour le droit à l’avortement 

Chaque année, le 28 septembre marque la Journée mondiale du droit à l’avortement, une date incontournable dans les luttes féministes internationales. Si ce droit fondamental a été conquis, grâce à des combats longs et acharnés dans de nombreux pays, il reste encore fragile, menacé, voire inexistant dans d’autres régions du monde. 

Dans une perspective féministe intersectionnelle, cette journée ne se limite pas à un simple symbole : c’est un cri collectif en faveur de la justice reproductive, de l’autonomie corporelle et de l’égalité réelle pour toutes les personnes concerné·es, quels que soient leur genre, leur origine, leur statut social ou leur identité. 

Une histoire de luttes et de solidarité 

Le 28 septembre a vu le jour dans les années 1990, en Amérique latine et dans les Caraïbes, porté par des mouvements féministes locaux qui ont proclamé cette date comme journée de lutte pour la dépénalisation de l’avortement. Depuis, elle s’est internationalisée, rassemblant chaque année des milliers de militant·es, associations, collectifs et ONG à travers le monde. 

Historiquement, le droit à l’avortement a été sous contrôle patriarcal, religieux et étatique. Là où il est interdit, les personnes enceintes sont souvent contraintes à l’ombre : avortements clandestins, non médicalisés, mettant leur santé et leur vie en danger. Ce droit n’a été légalisé qu’après des décennies de mobilisations féministes, comme en France avec la loi Veil en 1975, en Belgique en 1990, ou encore au Canada, où il ne repose non pas sur une loi mais sur une décision de la Cour suprême datant de 1988.  

Un droit sans cesse remis en question 

On pourrait croire ce droit acquis dans certaines régions du monde, mais les reculs récents rappellent qu’il n’est jamais garanti. 

En Pologne, depuis 2020, l’avortement est quasiment interdit. Aux États-Unis, la Cour suprême a annulé l’arrêt Roe v. Wade en 2022, déclenchant une vague de lois anti-avortement dans plusieurs États. 

Mais des avancées majeures ont également été obtenues grâce aux mobilisations féministes : 

  • en Argentine (2020) 
  • en Colombie (2022)
  • au Mexique (2023) 

Ces victoires montrent que la résistance collective fonctionne, même dans des contextes conservateurs. Les luttes pour le droit à l’avortement sont indissociables d’autres enjeux sociaux puisque ce sont les personnes les plus marginalisées qui rencontrent les obstacles les plus importants. 

Le cas du Canada : un droit légal, mais un accès inégal 

Au Canada, l’avortement est entièrement légal depuis plus de 35 ans. Il ne figure cependant dans aucune loi fédérale : il s’agit d’une intervention médicale comme une autre, protégée par les droits constitutionnels à la liberté et à la sécurité. 

Mais légal ne signifie pas toujours accessible. L’accès aux services varie fortement selon la province ou le territoire : si le Québec offre un réseau étendu de points de service, certaines régions comme le Nouveau-Brunswick ou le Nord canadien restent des déserts médicaux pour les personnes qui souhaitent avorter. 

Autre réalité méconnue : les médecins ne sont pas obligé·es de pratiquer l’avortement s’ils ou elles y sont opposé·es pour des raisons personnelles et religieuses. Mais ils et elles doivent, au minimum, orienter la personne vers un·e collègue ou une structure capable de répondre à sa demande, sans délai ni jugement. Là encore, c’est une porte ouverte aux discriminations systémiques qui pèsent davantage sur les personnes autochtones, migrantes, trans ou en situation de précarité. 

En Belgique : des droits à défendre et à renforcer 

En Belgique, l’avortement est dépénalisé depuis 1990, mais reste inscrit dans le Code pénal. Ce qui en fait encore un acte à part, au lieu d’un soin de santé ordinaire. Depuis 2018, l’avortement est autorisé jusqu’à 12 semaines de grossesse, avec un délai de réflexion obligatoire de six jours. Des restrictions régulièrement critiquées par les acteur·rices de la santé sexuelle et les associations féministes. 

En 2020, une proposition de loi visant à étendre le délai à 18 semaines avait été déposée, mais elle a été empêchée par des pressions et des stratégies de certains partis conservateurs et groupes religieux, qui ont utilisé leur influence politique pour faire obstacle à son adoption.  

De plus, l’accès réel à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) reste inégal : les personnes migrantes, sans-papiers, précaires, trans, en situation de handicap… rencontrent souvent des barrières multiples : méconnaissance des droits, stigmatisation, discrimination et manque de structures inclusives. Il est essentiel que les politiques publiques tiennent compte de ces réalités. 

Un droit à défendre, partout et pour tous·tes 

Le 28 septembre n’est pas qu’un moment de mémoire, c’est une journée de mobilisation active. 

Pour un avortement libre, gratuit, accessible, sans condition ni culpabilisation. 
Pour qu’il soit reconnu comme un soin de santé fondamental, non comme un privilège ou une exception. Pour que personne ne soit oublié·e dans les luttes féministes. 

Dans un contexte mondial où les droits reculent parfois plus vite qu’ils n’avancent, il est crucial de rester mobilisé·es, solidaires et vigilant·es, en Belgique, au Canada et partout ailleurs. Parce que défendre le droit à l’avortement, c’est défendre le droit de vivre librement, dignement, en pleine possession de son corps et de ses choix. 

Cultures en lutte pour le droit à l’avortement 

Dans un contexte où le droit à l’avortement reste menacé ou remis en question dans de nombreuses régions du monde, des artistes prennent la parole pour revendiquer, témoigner et résister. Musiques, films et récits deviennent des outils de mobilisation, de mémoire et de solidarité féministe. Voici des œuvres engagées à découvrir : 

  • Antipatriarca, Ana Tijoux (2014) 
    Chanson emblématique des luttes féministes latino-américaines, elle dénonce la domination patriarcale et défend le droit des femmes à disposer de leur corps. 
  • Mon corps, mon choix, Les Vulves Assassines (2013) 
    Un cri punk radical pour l’autonomie corporelle, réaffirmant le droit fondamental à l’avortement libre et sans condition. 
  • Annie Colère, Blandine Lenoir (2022) 
    Un film fort sur les militantes du MLAC dans la France des années 1970, qui ont rendu possible l’avortement légal. Un hommage à celles qui ont transformé la colère en action collective. 
  • O corno. Une histoire de femmes, Jaione Camborda (2024) 
    Ce film raconte l’histoire de Maria, une quadragénaire qui aide les femmes à avorter clandestinement dans l’Espagne franquiste des années 1970. Un portrait émouvant de la solidarité féminine en période de répression. 
  • La Décision, Julie Peyrat (2023) 
    Un podcast immersif sur l’expérience intime d’un avortement. Une réflexion sensible sur le choix, le doute et la liberté individuelle. 

Sitographie  

Faustine Stricanne
Stagiaire Amazone

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